La cour de récréation (exposition itinérante)

Récréation : occupation, exercice qui fait diversion au travail, qui sert de délassement (Larousse).


La définition du Larousse, laconique par définition, convoque immédiatement un autre mot qui dit le lieu où s’exerce la récréation. Monsieur Loyal, qui se préoccupe du spectacle dirait « en piste ! », quand un grand chambellan annoncerait « Messieurs, la cour ! ».

La « cour de récré », pour un enfant qui n’y a jamais mis les pieds, c’est déjà la cour des grands. Espace délimité, communément considéré comme la première école de la vie. A bien y regarder, car c’est de cela dont il s’agit avec ce projet photographique –bien regarder- , la cour de récréation est une vaste scène de théâtre où se jouent pour de vrai et simultanément une multitude de petites scènes.
La surveillance, si elle est réelle, s’y montre toutefois discrète, on ne saurait tout voir ni tout réprimer. Le surveillant, qui est aussi le spectateur isolé, n’est souvent qu’un humble pion sur la bordure de l’échiquier, il sait, ou sent, l’irrépressible envie qu’ont les enfants de rejouer inlassablement Guerre et Paix, de nouer et dénouer des amitiés, d’obéir et de commander, etc. La principale consigne, qui pourrait être la seule, peut ainsi se résumer : « Battez-vous, tuez-vous, mais ne vous faites pas de mal !».


Restituer une large part  de ce théâtre spontané dans cet espace privilégié d’une cour de récréation constitue l’un des deux axes du projet photographique de l’auteur.

 

Ce travail rassemble un corpus important d'images réalisées sur dix années dans de nombreux établissements du Val-d'Oise, entre 2003 et 2013, de l'école maternelle au Lycée. Il propose ainsi un regard sur la jeunesse, de l'enfance jusqu'à la fin de l'adolescence. Le projet s'enrichit des paroles collectées par l'auteur lors d'entretiens (une centaine d'une durée de trente minutes) qui privilégient la liberté et la spontanéité de chacun.