Le vrai cap, c'est le Griz-Nez, flèche pointée vers les îles britanniques.

S'y rejoignent la mer du Nord, tournée vers les pays de la Hanse - Scandinavie, Allemagne, Est de l'Europe - et la Manche, dont la côte file plein Sud, et qui s'ouvre vers le large Atlantique.

Vigie principale du boulevard maritime le plus fréquenté de la planète Océan (500 navires s'y croisent chaque jour), il est aussi le repère des oiseaux : leurs migrations y basculent.

Le Blanc-Nez est, pour les géographes, un faux cap. Pourtant, du haut de sa blanche falaise de 133 mètres, le monde s'y découvre, du plat pays aux monts du Boulonnais.

Entre l'acide cap Griz-Nez, avec le sombre grès de ses roches généreusement arrondies, avec les vallonnements de ses pelouses ou de ses fourrés parcourus d'un lacis de sentiers, et le Blanc-Nez, où le calme des grands champs de colza et de blé ne s'arrête qu'au bord du vide, s'étend la baie de Wissant.

La plage, immense, y est bordée de vastes dunes, en perpétuel mouvement parce que la violence des flots et du vent y affronte un milieu rendu fragile par la surfréquentation et la cabanisation. La côte a reculé de 300 mètres en cinquante ans, et chaque tempête fait craindre que s'ouvrent les brèches où s'engouffrera la mer, envahissant l'exceptionnelle mosaïque de marais et de roselières, paradis des oiseaux où chasseurs et ornithologues cohabitent tant bien que mal.

Dans  cet ensemble exceptionnel, le Conservatoire du littotal joue son rôle de préservation des richesses écologiques et du paysage. Avec le département du Pas-de-Calais et les communes qui assurent la gestion des sites qu'il acquier, avec l'Observatoire de l'environnemet littoral et marin Manche et Sud mer du Nord, avec l'Association pour la sauvegarde de la dune et du marais de Tardhingen, avec le Syndicat mixte d'aménagement du Boulonnais, il fait en sorte que les générations futures disposent d'un Site des Caps conservant pour toujours sa sauvage beauté.

(Post-préface Côte d'Opale, site des caps, Conservatoire du littoral.)