Les étangs de la Brenne

 

Les étangs de la Brenne.

Je découvre cette partie du Berry au cours de l'hiver 2000, invité par une amie originaire de ce pays que l'on nomme "aux mille étangs". Elle y possède encore le sien et s'y rend chaque année pour assister au rituel saisonnier et très attendu de la pêche, rituel qu'elle ne manquerait pour rien au monde.

 

Ce que je retiens de ce paysage tient dans ces deux mots : une âpreté merveilleuse.

 

Et aussi cette petite histoire : ...comme je frappai à l'huis du couvent de Saint-Michel en Brenne (j'aime et suis attiré par les lieux clos, voir les abbayes), je fus reçu par la mère supérieure qui consentit à écouter ma requête, en dépit de sa réserve bien naturelle, ma foi. Je crois qu'elle se décida à me suivre, accompagnée de quelques unes de ses sœurs, quand je lui parlai de ces conversations du ciel et de la terre que je tente de décrire dans mes photographies de paysage. Rendez-vous fut pris, pour la réalisation d'une seule image sur les bords d'un étang proche. Les sœurs et leur mère se disposèrent spontanément, en procession, ou plutôt en ponctuation sur cette pointe de terre en fer de lance qui fend l'étang, telles des stèles noires, à la fois fugitives et flottantes, et pourtant là, de toute éternité. Impossible de ne ne pas songer à ces cyprès du Gers que Julien Gracq désigne comme des flammes noires dans le paysage.

 

Elles n'ont pas demandé d'image en retour, et nous ne nous revîmes jamais.

 

Olivier Verley