Paris, 1994 - Les ectoplasmes

 

Il n'est pas rare d'observer dans les travaux de jeunesse - et parmi ceux qui ne s'accompagnent pas nécessairement d'un cortège de maladresses – le germe des préoccupations obstinées qui suivent et qui feront "style". Aussi je demeure attaché aux longs temps de pose et fuis volontiers ce fameux "instant décisif" dont H. Cartier Bresson fit son cheval de bataille. Il faut, dit-on, qu'une porte soit ouverte ou fermée, je la préfère entrebaillée. Ainsi en va t-il de mes obturateurs, qui choisissent de laisser filer plutôt que de capturer (voir La chambre du secret et Les passants considérables). Au moins ai-je cette illusion de croire que je laisse à chacun une issue, une porte de sortie, en concentrant sur une seule image une présence fuyante où chacun peut se faire la belle.

 

En cette année 1994, ces ectoplasmes parisiens qui sortent de terre ou qui s'y engouffrent, qui marchent sous la pluie, emportent eux aussi, déjà, et avec pudeur, leurs secrets.

 

Olivier Verley